D.C (d’ici) & là

On qualifierait Harauld Sextus alias « Oxoner «   d’artiste visuel ou de « voyeur » de créations, de designer culinaire ou de créateur de dessert que l’on ne s’y tromperait pas. De la Chine où il officie, cet artiste guadeloupéen a répondu à quelques questions que nous lui avons posées. Il a aussi accepté de nous offrir en partage un lot d’images succulentes & de pâtisseries à voir et à ranger dans un coin de nos têtes… Kenbé sa !

  • Peux-tu nous décrire brièvement ton parcours depuis la Guadeloupe ?

 

428128_10150721007758140_146177385_n
© Photo : Raphael Olivier

Je suis né en Guadeloupe et je viens de Karenag’ (Carénage), un des quartiers populaires de Pointe-à-Pitre.

J’ai grandi comme tout autre Guadeloupéen (NDLR : de la fin des années 70) avec une seule chaîne de télé. Enfin… seule chaîne officielle, car en tournant l’antenne on pouvait capter des chaînes américaines, après des heures de tours d’antennes micro – millimétrées.

La télé américaine… j’y ai découvert un tout autre monde, plus vaste, qui allait plus vite et où surtout les images étaient aussi vives que graphiques. Je ne comprenais pas l’anglais mais cela nous était égal, à mes frères et moi. Les cartoons, films et autres shows nous faisaient rêver.

Ado, j’étais passionné de graffiti, de photographie, de tatouage, et de « sous-cultures » ou dites « déviantes » en général. Graffeur, je sillonnais la Guadeloupe à la recherche de murs propices à mon envie d’expression – une très belle école. Amateur de tatouage, j’ai du attendre mes 16 ans pour avoir mon premier, suivi de jours sans fins de prises de tête avec ma chère maman. La photo c’était vraiment de l’expérimentation ; quelques photos ici et là en extérieur, mais c’était surtout de faire des portraits en « studio » qui était rigolo. La culture Hip-Hop était naissante en Guadeloupe et en faire parti, en être un membre actif, était important pour moi. Je kiffais ! On n’était pas nombreux, mais c’était la passion avant tout.

Je passe le Bac et je dis au revoir a la Guadeloupe. Je me retrouve à Paris entre deux concours d’admission en école d’art. Paris, c’est sympa. Il y a énormément de choses a faire et à découvrir, mais je me sent toujours pas à l’aise. Concours de l’école d’Art d’Aix en Provence ; le projet de l’école est top : art et nouvelles technologies, une première en France. Je suis naturellement attiré.
Je suis donc étudiant a l’école d’art d’Aix. Je découvre les ordinateurs, la programmation, la robotique, faire les choses de A à Z tout seul ; en gros être un couteau-suisse humain.

Je suis étudiant en première année et gros déclic lors de ma participation a un workshop sur la création de site web, et là, alors très jeune notion du cyber Art. Je deviens obsédé par la création de sites artistiques, d’expérimentation web, de programmation. Une super époque. Cela m’a permis d’avoir un job de designer web chez un internet provider – mon premier salaire, mon premier PC. Une révolution !

Je me suis lancé a fond dans la vidéo et après mes études j’étais artiste multimédia. Je bossais surtout sur des pièces de théâtre expérimentales, ainsi que du théâtre de rue, de la danse. Je fais aussi énormément de workshops dans des écoles, M.J.C et autres lieux à vocation sociale.
Le 27 juin 2002, je suis dans un avion qui atterrit à Shanghai. Nouvelle vie et grosse claque culturelle.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

  •  Peux-tu nous parler de ton activité en Chine ?
Après quelques mois en Chine, je commence à me faire une pseudo routine et je fais du graphisme freelance. Puis, je suis embauché par une boite chinoise qui fait du packaging audiovisuel. Je suis le seul étranger et le seul noir. Dans cette société, je dois créer des concepts pour l’habillage de chaines chinoises. C’est excitant mais graphiquement très frustrant car il est très difficile de s’écarter d’un modèle « CNN ». Je change donc pour travailler dans la post-production de films publicitaires – montage et trucage. Une époque très dure, mais j’en garde un excellent souvenir. Une école de la rigueur et du travail soigné où j’ai pu faire mes armes.
  

Beaucoup plus expérimenté je refais du freelance. On commence à avoir la côte car on a un design un peu différent, bold, asiatique mais européen. Du coup avec mon business partner de l’époque on monte MAKE ME une agence de direction artistique et de production de films graphiques. Sans l’ombre d’un doute, les plus belles 5 années de ma vie a Shanghai. On a bossé sur de très beaux projets et l’agence a été une expérience humaine aussi forte que belle, avec des actants venant des 4 coins du monde.
  

Puis il a 3 ans on a arrêté et j’ai recommencé à bosser sur mes projets perso (photos, docu, installations, expérimentations…). Cela m’a permis de faire un lien entre deux passions, l’art et la cuisine.

 
  • Des arts visuels à l’art culinaire, fais-tu une différence sur le fond ou pas ?
J’ai une boulangerie où je réalise des pains et desserts rigolos (NDLR : The Shangai Bakery). Dans le cadre de mes travaux perso, je travaille aussi sur les émotions et la nourriture. Différence ? Oui et non. Jusqu’à présent je voyais les deux comme deux entités complètement différentes. Mais il est maintenant clair que les arts culinaires ont un gros département visuel et bientôt, il ne sera pas étonnant de voir un graphiste à plein temps dans les rangs d’une pâtisserie.
 
  • Aurais-tu un message pour les créateurs de la Caraïbe ?
La diversité de la Caraïbe est un moteur pour la création. Il est important de nourrir ces diversités, de se les transmettre et de les faire vivre aussi en dehors de leur environnement. Il est important de se mettre en danger.
 
——-——-
Merci beaucoup à Oxoner pour le temps qu’il a bien voulu accorder à Yé Clik.
——-——-
Just like and follow :
Publicité

One Reply to “D.C (d’ici) & là”

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :